Qui a vu fonctionner ces énormes machines ne pourra jamais en oublier le spectacle !

Construites en 1901 par les usines du Creusot, les deux Soufflantes Corliss permettaient d’alimenter en air chaud les hauts fourneaux situés à proximité et qui produisaient la fonte. Elles étaient approvisionnées en vapeur saturée à la pression de 7.5 kg/cm2 et à la température de 170 °C. La vapeur était fournie par six chaudières. La condensation se faisait par contact direct avec l’eau de refroidissement, un réfrigérant extérieur en bois ramenant l’eau à la température ambiante. Leur puissance, de I’ordre de 250 cv, était importante pour l’époque.

   

Pour les lancer, sitôt l’ordre reçu du contremaitre du haut fourneau, il fallait amener, avec un cliquet, chaque volant à la position d’équerre du maneton avec la bielle, puis ouvrir avec un gros volant la vanne d’admission de vapeur et la refermer à demi, dès le début du mouvement pour éviter l’emballement catastrophique. Alors on ajustait la vitesse de marche et très vite on faisait le tour de la machine afin de vérifier que les gouttes d’huile tombent bien à la cadence voulue.

Comme l’aspiration d’air avait lieu dans la salle même, elle produisait un effet de dépression pulsatoire que l’on ressentait dans tout, le corps. Les verrières fléchissaient alternativement. Les clapets produisaient un chuintement prolongé, puis un claquement à la fermeture. Le sol vibrait suivant le rythme de la machine.

Superbement entretenues, astiquées, luisantes d’huile, auréolées d’un fin nuage de vapeur qui s’élevait vers la toiture, elles étaient objet de vénération pour le machiniste.

Comme ces machines ont fonctionné en secours jusque vers 1970, de nombreuses personnes les ont vu tourner. Venus des ateliers voisins, ces curieux étaient fascinés par la formidable impression de force et de puissance qui en émanaient. Ils restaient ainsi longtemps sans bouger, contemplant la longue course alternative des axes de piston, la glissade des énormes patins sur leur glissière, le mouvement impressionnant du volant et subissant l’envoutement du bruit lancinant et régulier…

C’était un autre monde !


Un bâtiment à réhabiliter, un patrimoine à sauvegarder

Construit au tout début du 20e siècle, spécialement pour abriter ces machines soufflantes , ce bâtiment sur plan carré de 20m x 20m s’érigent sur d’énormes fondations. Il est constitué de 3 murs latéraux en pierre, alors que le mur sud-est est bâti en pan de bois avec remplissage briques. Cette disposition devait permettre, soit une extension, soit de céder en cas d’explosion de machines. Deux toits coiffent le bâtiment, chacun à deux pentes avec noue centrale. La toiture en tuiles repose sur une charpente de bois lambrissée. La noue centrale repose sur 2 piliers en fonte. En plein centre, de grandes baies vitrées, percent toutes les parois d’une façon symétrique. Les parties basses de certaines baies sont en briques, pour permettre la réalisation de soupiraux. Les murs intérieurs sont enduits. Le sol est un dallage en carreaux de ciment décoratifs. Les machines en place occupent une grande partie de l’espace.

Il est important de souligner que sur 10 Soufflantes à piston de type “CORLISS” fabriquée par les usines Schneider au Creusot, les 2 seules restantes en Europe sont dans ce bâtiment.

Des travaux engagés pour préserver le témoignage de la période industrielle de tout un territoire

Les deux soufflantes Corliss, abritées dans leur bâtiment d’origine, sont actuellement le seul équipement ancien encore visible sur le site des anciens hauts fourneaux. Elles constituent le dernier vestige industriel sur le site des anciens hauts-fourneaux. Le bâtiment présentait des désordres rendant indispensable une campagne de travaux pour une mise hors d’eau et hors d’air à minima.

Souhaitant préserver ce témoignage important de la période industrielle et minière du bassin, les élus communautaires ont alors acté les travaux de conservation de l’emblématique bâtisse.

Les travaux : protection et sauvegarde du patrimoine industriel

Le chantier s’est concentré sur les toitures et les façades du bâtiment. La charpente a été consolidée, la couverture étanchéifiée afin d’éviter toutes infiltrations d’eau qui pourraient détériorer les machines séculaires conservées à l’intérieur. La protection de cette bâtisse a également été renforcée par la pose de menuiseries sécurisées sur les ouvertures.

Un chantier estimé à 435.000 € financé par Decazeville communauté avec le soutien de la Direction régionale des affaires culturelles (20 %), de la Région Occitanie , du Département de l’Aveyron et de la Fondation du Patrimoine.

 

 

 

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